vendredi 1 août 2008

la littérature médicament

L'autre jour à la radio, Geneviève Brisac. A propos de la famille et ses recompositions, la difficulté au quotidien pour tous, de vivre. Reportage dans une librairie jeunesse parisienne : la journaliste a demandé à la libraire de lui présenter les livres qui parlent aux enfants de ces nouvelles façons de faire famille.

Réaction vive et emportée de Geneviève Brisac : j'adore cette libraire, mais quelle mièvrerie dans dans les livres qu'elle a choisis.

Attaque injuste, les libraires ne sont pas dupes :

Ce sont ces mêmes libraires qui publiaient dès 2002 une chronique de Patrice Wolf "le livre pour enfants n'est pas un médicament". Madeline Roth rappelait l'année dernière dans la chronique 14 sur le blog Citrouille "Est-ce que ce n'est pas terrible de proposer justement un livre comme un médicament, comme en réponse à des symptômes précis, avec une posologie, une marche à suivre ? (...) Je crois de plus en plus que notre regard d'adulte enferme les enfants, et qu'une partie de la littérature jeunesse qui est diffusée aujourd'hui, conçue pour toucher, comment dit-on, un "public cible", vient de ces dérives là. Ça m'embêterait de participer à ça... "

Mais les libraires continuent quand même à répondre à l'angoisse des parents avec des livres vécus comme des livres médicament... pour les parents biensûr et non pour les enfants. En fait que cherchent ces parents? A trouver "les mots pour le dire" à leurs enfants. Mais les enfants construisent aussi leurs représentations et leur rapport au monde dans d'autres livres, que proposent aussi les libraires. On voit mal un libraire prendre de haut la demande angoissée qui lui est faite de trouver un livre sur la peur du noir par ex. Et ce livre qui rassure le parent, permet de nouer du lien et de faire entrer un autre livre qui construira l'enfant.

C'est un peu la fonction phatique du livre ;-)

Le jour où les libraires prendront de haut ces livres "phatiques", comme le fait le fait Mme Brisac, il seront des spécialistes pointus s'adressant à d'autres élitistes et n'auront plus cette vocation grand public : des lieux qui savent faire communauté avec toutes les couches sociales de la population, où tout le monde se sent écouté, pris en compte. On peut entendre les demandes de tous les publics tout en y répondant avec des livres de qualité... et de fonction différente. La création n'est pas le seul objet du livre...

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