jeudi 26 novembre 2009

C'était mieux avant CQFD


"L'ECONOMIE DU METIER

Existe-t-il encore des libraires en France ? Un de nos doyens, grand libraire lui-même, nous disait, il y a quelques années "Vous n'en compterez pas dix". Loins de notre pensée d'être aussi sévère. Cependant, nous devons avouer que le nombre se réduit de plus en plus de ceux qui pratiquent avec compétence et dévouement ce métier difficile et compliqué. De quelques centaines ne sera-t-il pas bientôt réduit à quelques dizaines ? Peut-être. Si l'on n'arrive pas à endiguer l'invasion des incompétents qui risque de submerger la Librairie Française.

Conseiller, c'est le rôle délicat, le rôle ingrat du libraire. Mais pour cela il doit connaître les livres qu'il propose. (...) Pourquoi tant de pseudo-libraires ne savent-ils ni conseiller, ni renseigner leur clientèle ? Parceque, depuis trente ans, trop d'acquéreurs de fonds de librairie, ou surtout des créateurs de boutique, sont entrés dans notre profession sans éducation technique préalable ; parceque beaucoup ont trop négligé leur culture personnelle.

Mettre des livres sur des étagères, inscrire Librairie sur une façade de magasin, ne peut suffire à ceux qui font ces gestes pour mériter "le titre", que seul un long apprentissage peut conférer.

(...)

Depuis ces dernières années les diverses industries du Livre ont ressenti une crise qui a inquiété les écrivains aussi bien que les éditeurs et les libraires. Des enquêtes ont été ouvertes, qui ont fait couler beaucoup d'encre.

Pour ma part, je n'hésite pas à dire que cette crise est profonde. Vingt fois, j'en ai analysé les causes et, mes confrères les connaissent comme moi-même.

Car cette crise est d'abord une crise de qualité, et c'est là son importance.

- Qualité des textes édités ;

- Qualité des éditeurs qui les choisissent et les lancent en volumes ;

- Qualité des libraires et revendeurs qui les distribuent au public.

(...)

... l'envahissement de nouveaus venus, que rien ne prédisposait à la pratique d'une profession difficile et délicate, comme l'est la librairie de détail, se précisa puis se précipita (...)

Quels services peuvent rendre aux livres et au public ces installations nouvelles, qui présentent, au milieu de marchandises hétéroclites, les ouvrages de vente facile et la dernière nouveauté à succès? Aucun.

Un véritable libraire, nous l'avons déjà écrit plus haut, outre ses compétences, possède en stock un fonds d'ouvrages nécessaires à la culture. Ce fonds, il l'entretient, le renouvelle, et il forme un personnel capable de le vendre. Or, ce fonds et ce personnel sont coûteux à entretenir, aussi est-il juste qu'en compensation de cet effort en faveur du livre, le libraire véritable puisse profiter de la vente facile de la nouveauté.

Eh bien non ! Cette vente lui est soufflée, subtilisée par des commerçants habiles sans doute, mais qui ne la méritent pas, puisqu'ils prétendent se soustraire pour une grande part aux obligations de notre métier. Cependant, les frais généraux, augmentent alors que diminue la remise accordée par les éditeurs, et voilà où se précise la menace de disparition de la librairie de métier.

(...)

Malgré les soucis, le libraire véritable tient à son métier comme un père à son enfant. Si celui-ci semble débile, son amour croît au lieu de diminuer."

Hélas, trois fois hélas, le sens du mot "débile a bien changé depuis mais, la phrase avec son sens actuel resterait-elle vraie?????? ;-)


Une prochaine fois, on nous racontera comment "Le libraire devient souvent malicieux à force d'entendre débiter des sottises avec conviction et force."

En attendant, des suggestions concernant l'auteur et la date???

3 commentaires:

mtislav a dit…

J'adore les livres et je me laisse souvent tenter où que je me trouve (marché aux puces, supermarché, bibliothèque...) mais je me retiens pour n'acheter que chez un bon libraire. Je me retiens d'acheter le plus possible, posséder un livre, ça se mérite...

J'attends avec impatience "Le libraire devient souvent malicieux à force d'entendre débiter des sottises avec conviction et force."

Mlle F. a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mlle F. a dit…

pfff moi j'achète n'importe où ! et c'est normal et c'est bien. J'ai une librairie, fnac ou solderie pour chaque type de livre que j'aime, plus on connait mieux on achète et mieux on apprécie chaque point de vente à sa juste valeur (ajoutée). Je trouve de la folie d'en arriver au discours de ..... (hanon, je ne vais pas révéler son nom comme ça ;-) A mon avis un des problèmes vient que nous -libraires- considérons que les acheteurs finaux sont nos clients alors qu'en fait ce sont les éditeurs que nous choisissons de faire entrer en magasin qui sont nos clients d'une prestation de vente très qualifiée que nous devons leur facturer en négociant la remise. Car le client final ne paut payer cette prestation puisque le prix est fixe. Car nous sommes (pas devenus, nous le sommes depuis longtemps) des commerces de luxe.... avec des articles à prix de grande consommation !! Comment se faire payer la "valeur ajoutée" (comme dirait l'excellent François Rouet) - le partage de la valeur ajoutée ne se fera pas sous le chêne de St Louis il va falloir se bouger les fesses... ou pas. Après tout, si les libraires ne veulent pas être payés et mourrir tranquilles, c'est leur droit;-)

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