mardi 13 octobre 2009

"de toute façon il ne faut jamais avoir peur dans la vie"



Gaymard : le prix du livre
envoyé par Savoie-actu.

Via la librairie La maison du livre, Rodez

10 euros, en vente à la librairie du Rond-Point

Relier les caisses de librairies au central de distribution du livre, une solution contre le pilon? Et respecter les quantités commandées effectivement par les petits libraires, ce serait pas mal non plus. Mais comme on ne vit pas dans un monde particulièrement bien fait, et au lieu de ne rien faire, cette solution -dont une similaire a été mise en place par les NMPP- semble la plus appropriée... et débouchera peut-être sur l'autre après tout!

Bouts de phrases glanées : "Celà demande un effort [lire un livre] ... Les industries culturelles souvent dispensent de tout effort....le silence et le recul... On vit dans une société du bruit, le bruit vous asservit... Dans une société de l'immédiateté il faut toujours régir tout de suite.... Former son jugement, prendre du recul, condition essentielle de la liberté contre les dictatures de l'esprit...."

Celà me fait penser à ce livre qui parait : "L'actualité pure", de Cédric Lagandré, ce 14 octobre:

"Le monde moderne croit qu’il bouge. Mais l’homme moderne, lui, ne bouge pas : il s’inscrit dans un temps paralysé par les dispositifs techniques, une actualité pure, qui déploie devant lui comme au supermarché des possibles pré-vécus qu’il n’a plus à vivre, des paroles pré-parlées qu’il n’a plus à dire, des images pré-vues qu’il n’a plus à voir. Comment se remettre de cette paralysie ? Comment réapprendre à voir, à parler — à vivre ? Tel est l’enjeu des temps qui viennent : ou bien nous parviendrons à répondre à ces questions, ou bien nous crèverons d’une mort qui, elle aussi, ne sera bientôt plus la nôtre.

Cédric Lagandré est philosophe. Ancien collaborateur de la revue Mouvements, il est l’auteur de L’inspiration des Grecs (L’Harmattan, 2000), et de La société intégrale (Climats, 2009).
" -présentation Laurent de Sutter dir de collection Travaux pratiques éd PUF

Et si cette capacité de former son jugement et prendre du recul pouvaient parfaitement apparaitre en dehors du livre, au coeur de ce monde numérique par d'autres moyens, par une évolution des usages du web, que nous ne pouvons intégrer ou concevoir clairement car nous ne sommes pas des digital natives?
Un jour, le livre papier sera à la littérature ce que l'opera est à la musique : un genre codifié qu'il faut réapprendre et qui nous paraîtra loin sans apprentissage. Il est grand temps, pour comprendre quelle place aura le livre papier désormais, de se demander à quoi servent les classiques et quel rapport ils entretiennent avec la modernité, car le rapport avec le livre papier, fait de temps de calme et de recul, devient un "classique".

"Un jour des automates seront capables de raconter des histoires, avec leur style propre, et même une vocation pour le classicisme " Il est temps de sortir de ses propres automatismes et grand temps de lire Calvino -> Si vous passez à la librairie un w-e, achetez moi ce bel exemplaire de la machine littérature de Calvino, il ne sera jamais démodé, et vous serez toujours plongé dans l'actualité où que vous l'ouvriez... et en plus, ça me fera rudement plaisir ;-)

4 commentaires:

commettre.fr a dit…

Paul Valery Via Henri Lefebvre : le lupanar des possible.

tant qu'a faire des analogies je te recommande l'article de KMS ( http://kmskma.free.fr/2009/09/554-haute-fidelite-beatles-revolution.html )où est dit : il aura fallu 40 ans pour que l'industrie du disque parvienne à éditer des CD d'une qualité équivalente à celle d'un bon vinyle.

tant qu'à refuser des analogies : livre - opéra : c'est un rapport de genre à objet. le livre a déjà ses genres illisibles sans apprentissage (littérature médiévale, tragédie classique)

pc

Mlle F. a dit…

Le démon de l'analogie!

Sauf que l'expérience cognitive de la lecture en ligne et papier n'est pas la même à la différence de l'écoute de la musique. Et ça fait une grande différence.

justement dans mon optique le livre papier (qui peut être numérisé pour un confort de lecture nomade, ce qui n'en fait pas une oeuvre numérique) est un genre lié à une expérience spécifique et c'est la raison pour laquelle on n'a pas encore bien compris combien la littérature avec le numérique bouleversera fondamentalement le rapport au texte, et forcément (enfin espérons, sinon ce ne serait pas drôle) à la langue. Les genres coexisteront mais la vitalité sera intrinsèquement dans la mise en espace web de la littérature, et ça vois-tu, si ça se trouve c'est une déformation professionnelle de lectrice de textes de théâtre : où le texte est indissociable de sa mise en corps et en espace, le texte sort de sa lecture silencieuse (qui rappelons le n'a pas toujours été le seul mode de lecture).

commettre.fr a dit…

"l'expérience cognitive de la lecture en ligne et papier" certes au point qu'il n'y a pratiquement pas actuellement de d'expérience cognitive effective de lecture de littérature en ligne.

Il me semble que le numérique sera très essentiellement une révolution des modes des diffusion bien plus que des modes de création et de lecture.
Cela fait 15 ans que l'on peut créer de la littérature en numérique, que reste-t-il d'expériences telles que Immemory de Marker ou Machines à écrire d'Antoine Denize.
Tout se fera à la marge, peut-être la marge sera-t-elle immense, mais elle restera une marge.

Mlle F. a dit…

ha non, c'est déprimant ! laisse moi rêver que la littérature va se recomposer un continent, même en marge ;-) D'une façon inédite qu'on n'aura pas vu venir, même si on ne comprend pas aujourdh'ui comment une oeuvre littéraire pourra se composer un corps dans l'espace mouvant, éphémère et fragmenté du Web (oups, il faut que j'arrête de lire Masamune Shirow ;-)

La maison des feuilles, bel ex unique.

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